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192 ACTE SECOND


cruelle situation? Son oncle seul... oui, son oncle pourroit y remédier... Mais Dalancour seroit-il en état, dans ce moment d’abattement et de chagrin?... Eh! si j’en suis la cause... involontaire... pourquoi n’irois-je pas moi-même?... Oui, quand je devrois me jeter1 à ses pieds... Mais, avec ce caractère âpre, intraitable, puis-je me flatter de le flêchir?... Irai-je m’exposer à ses duretés?... Ah! qu’importe? que sont toutes les humiliations, auprès de l’état affreux de mon mari? Oui, j’y cours; cette seule idée doit me donner du courage. (elle veut s’en aller du coté de l'appartement de monsieur Géronte.

SCÈNE XIII.

Madame Dalancour, Marton.

Marton. Que faites-vous ici, madame? Monsieur Dalancour s’abandonne au désespoir.

Mde. Dalancour. Ciel! je vole à son secours. (elle sort)

SCÈNE XIV.

Marton seule.

Quels malheurs! quels désordres! Si c’est-elle qui en est la cause, elle le mérite bien... Que vois-je?

SCÈNE XV.

Marton, Valère.

Marton. Monsieur, que venez-vous faire ici? Vous avez mal pris votre temps. Toute la maison est dans le chagrin.

Valère. Je m’en doutois bien; je viens de quitter le procureur de Dalancour, et je viens lui offrir ma bourse et mon crédit.

Marton. Cela est bien honnête. Rien n’est plus généreux.

Valère. Monsieur Géronte est-il chez lui?

  1. Nel testo: jetter.