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LE BOURRU BIENFAISANT | 189 |
M. Dalancour. (Un peu vivement) Mon consentement? N’avez-vous pas vu Dorval? Ne me l’a-t-il pas dit? Cela ne s’appelle-t-il pas me demander mon consentement?
Mde. Dalancour. (Un peu vivement) Oui, c’est une politesse de la part de monsieur Dorval; mais votre oncle ne vous en a rien dit.
M. Dalancour. (Embarrassé) C'est que...
Mde. Dalancour. C'est que... il nous méprise complètement1.
M. Dalancour. (Vivement) Mais vous prenez tout de travers, cela est affreux; vous êtes insupportable.
Mde. Dalancour. (Un peu fâchée) Moi, insupportable! Vous me trouvez insupportable!(fort tendrement) Ah! mon ami, voilà la première fois qu’une telle expression vous échappe. Il faut que vous ayez bien du chagrin pour vous oublier à ce point.
M. Dalancour. (A part, avec transport) (Ah! cela n’est que trop vrai!) (à madame Dalancour) Ma chère femme, je vous demande pardon de tout mon coeur. Mais vous connoissez mon oncle; voulez-vous que nous nous brouillions davantage? Voulez-vous que je fasse tort à ma soeur? Le parti est bon, il n’y a rien à dire; mon oncle l’a choisi, tant mieux; voilà un embarras de moins pour vous et pour moi.
Mde. Dalancour. Allons, j’aime bien que vous preniez la chose en bonne part: je vous en loue et vous admire. Mais permettez-moi une réflexion. Qui est-ce qui aura soin des apprêts nécessaires pour une jeune personne qui va se marier? Est-ce votre oncle qui s’en chargera? Seroit-il honnête, seroit-il décent?...
M. Dalancour. Vous avez raison... Mais il y a encore du temps: nous en parlerons.
Mde. Dalancour. Ecoutez. J’aime Angélique, vous le savez; cette petite ingrate ne mériteroit pas que je prisse aucun soin d’elle: cependant elle est votre soeur...
Dalancour. Comment! vous appellez ma soeur une ingrate! Pourquoi?
- ↑ Nel testo: complettement.