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LE BOURRU BIENFAISANT | 175 |
M. Dalancour. (A part) Malheureux que je suis!
Mde. Dalancour. Mais vous me paroissez inquiet, rêveur; vous avez quelque chose... vous n’êtes pas tranquille.
M. Dalancour. Vous vous trompez, je n’ai rien.
Mde. Dalancour. Pardonnez-moi, je vous connois, mon cher ami: si quelque chose vour fait de la peine, voudriez-vous me la cacher?
M. Dalancour. (Toujours embarrassé) C’est ma soeur qui m’occupe voilà tout.
Mde. Dalancour. Votre soeur? Pourquoi donc? C’est la meilleure enfant du monde; je l’aime de tout mon coeur. Tenez, mon ami, si vous vouliez m’en croire, vous pourriez vous débarrasser de ce soin, et la rendre heureuse en même temps.
M. Dalancour. Comment?
Mde. Dalancour. Vous voulez la mettre dans un couvent; et je sais, de bonne part, qu’elle en seroit très fâchée.
M. Dalancour. (Un peu fâché) A son âge doit-elle avoir des volontés?
Mde. Dalancour. Non, elle est assez sage pour se soumettre à celle de ses parents. Mais pourquoi ne la mariez-vous pas?
M. Dalancour. Elle est encore trop jeune.
Mde. Dalancour. Bon! étois-je plus âgée quand nous nous sommes mariés?
M. Dalancour. (Vivement) Eh bien! irai-je de porte en porte lui chercher un mari?
Mde. Dalancour. Ecoutez, écoutez-moi, mon cher ami; ne vous fâchez pas, je vous en prie. Je crois, si je ne me trompe, m’être aperçue1 que Valère l'aime, et qu'il en est aimé.
M. Dalancour. (A part) (Dieu! que je souffre!)
Mde. Dalancour. Vous le connoissez: y auroit-il, pour Angélique, un parti mieux assorti que celui-là?
M. Dalancour. (Toujours embarrassé) Nous verrons; nous en parlerons.
- ↑ Nel testo: apperçue.