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LE BOURRU BIENFAISANT | 173 |
Picard. Pardonnez-moi, monsieur, je lui ai dit1; mais il m’a renvoyé à son ordinaire.
M. Dalancour. J’en suis fâché. Avertis-moi des bons momens où je pourrai lui parler; un jour je te recompenserai bien.
Picard. Je vous suis bien obligé, monsieur: mais, Dieu merci, je n’ai besoin de rien.
M. Dalancour. Tu es donc riche?
Picard. Je ne suis pas riche; mais j’ai un maître qui ne me laisse manquer de rien. J’ai une femme, j’ai quatre enfans; je devrois être dans l’embarras; mais mon maître est si bon: je les nourris sans peine, et on ne connoît pas chez moi la misère, (il sort
SCÈNE XV.
Monsieur Dalancour seul
Ah! le digne homme que mon oncle! Si Dorval gagnoit quelque chose sur son esprit! Si je pouvois me flatter d’un secours proportionné à mon besoin!... Se je pouvois cacher à ma femme!... Ah!... pourquoi l’ai-je trompée! Pourquoi me suis-je trompé moi-même? Mon oncle ne revient pas. Tous les momens sont précieux pour moi; allons, en attendant, chez mon procureur... Que j’y vais avec peine! Il me flatte, il est vrai que, malgré la sentence, il trouvera le moyen de gagner du temps; mais la chicane est odieuse; l’esprit souffre, et l’honneur est compromis. Malheur à ceux qui ont besoin de tous ces honteux détours! (il veut s’en aller
SCÈNE XVI.
Monsieur Dalancour, madame Dalancour.
M. Dalancour. (Apercevant sa femme) Voici ma femme.
Mde. Dalancour. Ah, ah! vous voilà, mon ami? Je vous cherchois partout.
M. Dalancour. J’allois sortir...
- ↑ Nelle ristampe moderne si legge: je le lui ai dit.