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LE BOURRU BIENFAISANT | 171 |
M. Dalancour. Allons, je vous crois, j’en suis ravi. Ah! mon cher ami, parlez à mon oncle pour moi.
Dorval. Je lui parlerai.
M. Dalancour. Que je vous aurai d’obligations!
Dorval. Mais, encore, il faudra bien lui dire quelques raisons. Comment avez-vous fait pour vous ruiner en si peu de temps?1 Il n’y a que quatre ans que votre pere est mort; il vous a laissé un bien considérable, et on dit que vous avez tout dissipé?
M. Dalancour. Si vous saviez tous les malheurs qui me sont arrivés! J’ai vu que mes affaires alloient se déranger, j’ai voulu y remédier, et le remède a été encore pire que le mal. J’ai écouté des projets; j’ai entrepris des affaires; j’ai engagé mon bien, et j’ai tout perdu.
Dorval. Et voilà le mal. Des projets nouveaux! ils en ont ruiné bien d’autres.
M. Dalancour. Et moi sans retour.
Dorval. Vous avez très-mal fait, mon cher ami; d’autant plus que vous avez une soeur.
M. Dalancour. Oui, et il faudroit penser à lui donner un état.
Dorval. Chaque jour elle embellit. Madame Dalancour voit beaucoup de monde chez elle; et la jeunesse, mon cher ami... quelquefois... vous devez m’entendre.
M. Dalancour. C’est pour cela, qu’en attendant que j’aie trouvé quelque expédient, j’ai formé le projet de la mettre dans un couvent.
Dorval. La mettre au couvent, cela est bon: mais en avez-vous parlé à votre oncle?
M. Dalancour. Non, il ne veut pas m’écouter: mais vous lui parlerez pour moi, vous lui parlerez pour Angélique; il vous estime, il vous aime, il vous écoute, il a de la confiance en vous, il ne vous refuserà pas.
Dorval. Je n’en sais rien.
- ↑ Nel testo ora è stampato temps e ora tems.