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LE BOURRU BIENFAISANT 169


M. Géronte. (Sans se détourner, croyant parler à Picard) Eh bien? As-tu trouvé Dorval?

SCÈNE XI.

Monsieur Géronte, Dorval, monsieur Dalancour.

Dorval. (Qui entre par la porte du milieu, à monsieur Géronte) Me voilà, mon ami.

M. Dalancour. (D’un air résolu) Mon oncle...

M. Géronte. (Se retournant, aperçoit Dalancour, se lève brusquement, renverse la chaise, s’en va sans rien dire, et sort par la porte du milieu.)

SCÈNE XII.

Monsieur Dalancour, Dorval.

Dorval. (En souriant) Qu’est-ce que cela signifie?

M. Dalancour. (Vivement) Cela est affreux; c’est moi à qui il en veut.

Dorval. (Toujours du même ton) Je reconnois bien là mon ami Géronte.

M. Dalancour. J’en suis fâché pour vous.

Dorval. Vraiment! je suis arrivé dans un mauvais moment.

M. Dalancour. Pardonnez sa vivacité.

Dorval. (Souriant) Oh! je le gronderai.

M. Dalancour. Ah! mon cher ami, il n’ y a que vous qui puissiez me rendre service auprès de lui.

Dorval. Je le voudrois bien de tout mon coeur; mais...

M. Dalancour. Je conviens que, sur les apparences, mon oncle a des reproches à me faire; mais s’il pouvoit lire au fond de mon coeur, il me rendroit toute sa tendresse, et je suis sur qu’il ne s’en repentiroit pas.

Dorval. Oui, je vous connois; je crois qu’on pourroit tout espérer de vous: mais madame Dalancour...

M. Dalancour. (Un peu vivement) Ma femme, monsieur? Ah! vous ne la connoissez pas; tout le monde se trompe sur son