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LE BOURRU BIENFAISANT 163

Marton. Cela est vrai, monsieur; je vous connois; je sais que vous êtes bon, humain, charitable; mais, je vous en prie, ménagez cette pauvre enfant, parlez-lui avec un peu de douceur.

M. Géronte. Oui, je lui parlerai avec douceur.

Marton. Me le promettez-vous?

M. Géronte. Je te le promets.

Marton. Ne l’oubliez pas.

M. Géronte. Non. (il commence à s’impatienter)

Marton. Surtout1, n’allez pas vous impatienter.

M. Géronte.(Vivement) Non, te dis-je.

Marton.(A part, en s’en allant) Je tremble pour Angélique. (elle sort

SCÈNE VII.

Monsieur Géronte seul

Elle a raison. Je me laisse emporter quelquefois par ma vivacité; ma petite nièce mérite qu’on la traite avec douceur.

SCÈNE VIII.

Monsieur Géronte, Angélique.

Angélique. (Se tient à quelque distance.

M. Géronte. Approchez.

Angélique. (Avec timidité, ne faisant qu'un pas) Monsieur...

M. Géronte. (Un peu vivement) Comment voulez-vous que je vous entende, si vous étes à une lieue de moi?

Angélique.(S’avance en tremblant) Excusez, monsieur.

M. Géronte.(Avec douceur) Qu’avez-vous à me dire?

Angélique. Marton ne vous a-t-elle pas dit quelque chose?

M. Géronte.(Il commence avec tranquillité et s’échauffe peu-à-peu) Oui; elle m’a parlé de vous; elle m’a parlé de votre frère, de cet insensé, de cet extra vagant qui se laisse mener par une femme imprudente, qui s’est ruiné, qui s’est perdu, et qui me manque encore de respect!

  1. Nel testo è stampato sur-tout; e così par-tout.