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SCENE VIII.

Pantalon Seul d’abord, et ensuite Angelique.

Pantalon fait réflexion qu’Arlequin ne veut pas de lui dans la maison de Camille, qu’il sera par conséquent contraint de s’en aller, et que d’ailleurs en restant plus longtemps, il ne pourroit pas souffrir les impertinences de cet homme grossier. Angélique arrive. A la vue de sa fille, Pantalon est plus tranquille, et oublie tous ses chagrins. Angélique lui apprend d’un air gai et satisfait, qu’elle a achevé de mettre en musique la cantate dont sa soeur Clarice a compose les paroles. Pantalon rempli de joie à cette bonne nouvelle, donne des louanges à sa fille, qui y répond modestement. Pantalon continue ses transportes de joie, et dit à Angélique que sa vertu, son mérite, et la beauté de sa voix, ne manqueront pas de plaire à Paris. Elle lui fait observer que le goût de la musique est bien different à Paris qu’en Italie. Pantalon alors lui parle ainsi: Que dis-tu de la musique de ce pays-ci? Dans tous les pays du monde, répond Angélique, il faut pour bien goûter une chose, y avoir les oreilles accoutumées. Le beau et le bon ne se connoissent bien que par comparaison; si l'on compare sans passion, on trouve le bon par tout; si au contraire l'esprit est prévenu, on trouve l'ennui par tout. Pantalon continue de louer sa fille; il fait ensuite connoître son goût particulier pour la musique dont il parle en homme qui n’en a aucune connoissance. On voit en lui le caractere d’un pere rempli de l’amour le plus vif pour sens enfants, et dout les transports de tendresse dégenerent même dans une espèce de folie. Il prie Angélique de le consoler par une Ariette. Elle est sur le point de le satisfaire, quand Arlequin paroît.

SCENE IX.

Arlequin, et les Acteurs précédens.

Arlequin dit à Pantalon qu’il vient de retenir pour lui trois places au coche. Pantalon se fâche, et s’en va, ne pouvant plus souffrir la vue d’Arlequin. Ce dernier continue les mêmes discours