Pagina:Goldoni - Opere complete, Venezia 1915, XX.djvu/346

334

la petite fille du grand1 Corneille, qu’il a chez lui, comme vous sçavez.

Au surplus, Monsieur, l'estime particulière que ce grand homme fait de Vous et de Vos ouvrages, les temoignages publics qu’il en a rendu en prose et en vers2; les principaux caractères et presque le fond de la plupart de vos pieces que nos Auteurs ne dédaignent pas de transporter tous les jours avec succès sur le Théâtre François, l'accueil que nous avons fait en dernier lieu à deux de vos Comédies jouées successivement sur le Théâtre Italien, l'une vos Pettegolezzi, ajustée en François sous le titre des Caquets3 l’autre votre Fils d’Arlequin perdu et retrouvé, donnée en Italien4, les traductions de plusieurs autres, l’ardeur avec laquelle vos oeuvres en general ont été recherchées ici, tout enfin doit vous rassurer sur les craintes que votre modestie m’exprime dans votre Lettre, et vous convaincre mieux que ce que je pourrois vous dire, que vous n'êtes point étranger en France. Vos talens vous y ont naturalisé depuis long temps, et rien ne peut plus vous faire perdre une réputation si bien, si justement établie, et fondée sur un nomhre si prodigieux d’excellents ouvrages.

Mais en supposant, Monsieur, que la Piece que vous allez donner à Paris ne réussisse pas comme elle auroit fait en Italie, il ne faudroit pour cela ni désesperer pour l'avenir, ni même vous en étonner. Le Théâtre pour lequel vous travaillez, ni ceux qui le fréquentent ne sont pas accoutumés, du moins quant au genre Italien, à la finesse, à la régularité, ni à la conduite, que vous observez, et auxquelles vous avez sçu ramener les Théâtres de votre pais (dont le Théâtre Italien de Paris est l’image dans ce genre). Vous avez banni de chez vous, comme le dit encore M. de Voltaire, les farces insipides, les sottises grossières qui les deshonoroient;

  1. Frammento di lettera del Voltaire al Goldoni. 12 giu. 1761. edito nel t. I dell’ed. Pasquali: v. vol. I della presente edizione, p. 4. e noto come il Baretti ne ridesse nel n. 22 (13 agosto 1764) della Frusta letteraria e nel cap. 7 dei Discours sur Shakespeare et sur M. de Voltaire (Londra. 1777).
  2. V. lettera di dedica, prefazione e nota storica della Pamela maritata, vol. XVII della presente edizione.
  3. Per opera di Riccoboni figlio: V. vol. VI della presente edizione, p. 502.
  4. Goldoni, Mémoires, p. II, cap. 43; e L. Rasi, I Comici italiani. Firenze, vol. I, (1897), pp. 373-4.