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ma Piece avec la traduction Françoise. Mais d’un coté ç'auroit été manquer à mes engagemens; de l’autre, ç’auroit été montrer trop de présomption. J’ai pris un milieu dans ces deux partis. J’ai fait un Extrait de ma Comédie, et j’y ai rendu compte Scene par Scene de tout ce qui se fait dans la Piece. J’ai resolu de faire mettre cet Extrait en François, et de le faire imprimer. Je suis bien persuadé que cet Extrait, quelque sommaire qu'il soit, suffira aux spectateurs pour les faire comprendre le Dialogue, l'Intérêt, et l'Intrigue.
J’ai besoin pour cela d’un Traducteur, et je n’ai pas cru, Monsieur, pouvoir mieux m’adresser qu à vous qui m’aimez et qui entendez l'Italien aussi bien que le François, et qui vous êtes déjà fait un plaisir de traduire quelques-uns de mes ouvrages. Je vous prie donc d’avoir encor cette complaisance pour l’Extrait que je vous envoie, et de lui donner ce ton de simplicité et de clarté qui est au-dessus de mes forces. Les preuves de la sincere amitié que vous m’avez données jusqu'à présent, ne me permettent pas de craindre un refus. Soyez, je vous prie, persuadé que je vous en aurai une obligation infinie, et que je serai toute ma vie avec une véritable estime, et une sincere amitié,
Monsieur
votre, etc. GOLDONI.
A Paris le 2 Novembre 1762.