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dévotion artistique. Je les considérais comme deux jalons directeurs de la sensation des choses du sublime et de l’idéal; n’avaient-ils pas, en efFet, été plantés simultanément à la fin du treizième siècle, qui fut le précurseur recueilli de la Renaissance, afin qu’ une voix s’elevât de leurs sommets, pour proclamer un jour que c’est dans la cité flamande et dans la cité toscane qu’avaient le plus magnifiquement germé toutes les opulences et tous les arts.

Le sang de partisans affamés de liberté et de grandeur nationale a coulé sur la place de la Signoria, comme sur celle du Beffroi de Bruges. L’or y ruissela aussi et se répandit en prodigalités dont profitèrent des générations d’artistes exaltant l’idée religieuse, en même temps qu’ épris de somptuosités et de fastes décoratifs.

Vous avez, mon cher Collègue et ami, l’âme largement ouverte aux grandes émotions de l’Art. Ne vous semble-t-il pas, comme à moi, qu’au moment où il faut quitter Venise, Rome, Florence et leurs soeurs d’Italie, on part enveloppé d’une atmosphère embaumée dont l’enivrement dure? En franchissant le seuil de Bruges, j’ ai eu l’impression que le parfum de l’Art Florentin se mêlait, autour de moi, en vagues exquises, à celui de l’art flamand.

Laissez moi me servir d’une image qui est d’actualité. J’ ai comparé, en rêve, le Beffroi de Bruges et la tour du Palazzo Vecchio aux mats decorés d’une télégraphie sans fils, qui, au lieu de faire se pénétrer des ondes aëriennes devenues les vehicules