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rien, ce moyen de fortune anonymement créé, altéré par qui que ce soit, s’est changé par la méditation et la dialectique de quelquesuns, dans un instrument extraordinaire propre à tourmenter tout le groupe des groupes de la pensée, dans une sorte de clé qui peut tendre tous les ressorts d’une tête puissante, ouvrir des abîmes d’attente au désir de tout concevoir.

Or, toute l’opération d’un artiste, c’est de faire quelque chose de rien. Et qu’y a-t-il, d’ailleurs, de plus véritablement personnel, de plus significatif d’une personne et de son écart individuel que ce travail du philosophe quand il insère mille difficulté dans l’expression commune où ceux qui l’ont faite n’en soupçonnent point, quand il crée des doutes et des troubles, découvre des antinonomies, étonne les coutumes des esprits, par tout un jeu de substitutions qui déconcertent et qui s’imposent... Quoi de plus personnel sous les apparences de l’universel?