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Que devient donc la philosophie, assiégée, obsédée de découvertes dont l’imprévu fait naître les plus grands doutes sur les vertus et sur la valeur des idées et des déductions de l’esprit réduit à soi seul et s’attaquant au monde? Que devient’elle, quand pressée, traversée, surprise à chaque instant par la furieuse activité des sciences physiques, elle se trouve d’autre part inquiétée et menacée dans ses habitudes les plus anciennes, les plus tenaces (et peut-être les moins regrettables) par les travaux lents et minutieux des philologues et des linguistes? — Que devient: Je pense, et que devient: Je suis? Que devient, ou que redevient, ce verbe nul et mystérieux, ce verbe ETRE, qui a fait une si grande carrière dans le vide? De très subtils artistes ont tiré de ces syllabes humbles, dont l’évanouissement et l’usure de leurs premiers sens ont permis l’étrange fortune, un infini de questions et de réponses.

Si donc l’on ne tient aucun compte de nos