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texte et pour thème la poursuite d’une certaine vérité ou réalité, peut à présent se fier à soimême et ne plus tant poursuivre que créer. Le philosophe userait avec liberté des forces qu’il a acquises dans la contrainte; et c’est d’une infinité de manières, sous une infinité de formes, qu’il dépenserait la vigueur et la faculté qui lui sont propres — de donner’vie et mouvement aux choses abstraites.

Voilà qui permettrait de sauver les Noumènes par le seul goût de leurs harmonies intrinsèques.

Je dis enfin qu’il existe une démonstration excellente de ce que je viens de proposer en forme de doute. Ce n’était qu’une possibilité, mais voici qu’il suffit de considérer le sort des grands systèmes pour la trouver déjà réalisée. De quel œil lisons-nous les philosophes, et qui les consulte avec l’espoir véritable d’y trouver autre chose qu’une jouissance ou qu’ un exercice de son esprit? Quand nous nous mettons à les lire, n’est-ce pas avec le sentiment que nous nous soumettons pour quelque durée aux règles d’un beau jeu? —