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tonomie des esprits comme conséquence de son unité et de sa souveraineté propres. Elle doit légitimer l'existence de ce qu’elle a convaincu d’erreur et ruiné comme tel, reconnaître la vitalité de l’absurde, la fécondité du contradictoire, et parfois même se sentir ellemême, tout animée qu’elle était de l’universalité dont elle croyait procéder, restreindre à l’état de production particulière ou de tendance individuelle d’une certaine personne. Et c’est le commencement d’une sagesse en même temps que le crépuscule d’une philosophie.

En vérité, l’existence des autres est toujours inquiétante pour le splendide égotisme d’un penseur. Il ne peut cependant qu’il ne se heurte à la grande énigme que lui propose l’arbitraire d’autrui. Le sentiment, la pensée, l’acte d’autrui presque toujours nous apparaissent arbitraires. Toute la préférence que nous donnons aux nôtres, nous la fortifions par une nécessité dont nous croyons d’être l’agent. Mais enfin l’autre existe, et l’énigme