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eu par bonheur des professeurs d’Université expliquant à répétition «que Racine remonte à Euripide comme Corneille remonte à Sophocle». Mais si vous pensez à la poésie grandiose qui coule des doux vers d’Homère, simples et liquides, quand il raconte, dans l’Odissée, — le chef d’œuvre — des faits divins et terre à terre avec cette même indifférente nonchalance et cette noblesse qui purifie et annoblit les plus humbles détails et vous sculpte en ayant l’air de rien, des types d’hommes impérissables, vous comprenez comme cet art est loin des alexandrins rythmés en cadence et des grands discours style «Rome l’unique objet de mon ressentiment», et quelle source d’inspiration on peut trouver par exemple dans l’Odyssée, émouvant comme un soleil couchant sur la mer. Et cela quant aux sujets et au style de «l’émotion artistique». (J’aime bien me plonger dans cette atmosphère un peu fantastique où les hommes sont moins compliqués et leur vie et leurs drames un peu différents, car je conçois le théâtre historique seulement comme une recherche de situations dramatiques qui ne se présentent plus aujourd’hui, mais où les personnages doivent être humains comme les modernes.) Quant à la forme, ce que j’appelle «art classique», c’est pour moi «l’art qui a conscience de ses limites». Et par conséquent un art de construction — car le fragment ne souffrant pas de mesure est illimité. Mais c’est un problème très compliqué — je l’ai d’ailleurs plus longuement développé dans quelques conférences — et nous en parlerons, si vous voulez bien, une autre fois. Je me suis donc inspiré — inconsciemment — à ces principes en écrivant «Le retour d’Ulysses» et quelques autres pièces. Mais je crois que je débuterai avec une pièce que j’ai préparée, mais que j’écrirai à peine fini un livre sur les historiens latins, fait en collaboration avec mon père — sur Catulle, le delicieux poète de Rome, le plus moderne des lyriques anciens. Et par cette pièce où je ferai ressortir une âme compliquée de