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voila Colomb dont les confidences touchantes, les souffrances ineffables, la mort résignée revêtent l’auréole de l’humilité la plus profonde; voila Colomb, lui qui avait ouvert la source inépuisable des richesses, dont le désintéressement est heroique, qui vit stoïquement, et meurt pauvre, souriant au ciel qui l’attend, et pardonnant aux hommes qui l’ont maltraité. . . Oh voila bien un type que l’agiographe ressuscité s’empresserait de nous présenter pour la guérison de nos âmes! Le protagoniste de la légende, pour servir au but de l’agiographe, ne devrait-il pas se présenter revêtu du double prestige d’une vie pleine de mémorables aventures, d’un cœur riche des plus aimables vertus? ce sont-là les deux élémens de la perfection légendaire: la légende est de tous les temps, parceque la nature humaine ne change pas; mais la légende au dixneuvième siècle doit se placer à la hauteur des lumières qui s’y sont répandues, des besoins qui s’y sont développés: si elle ne doit pas repousser de son cadre les guirlandes poétiques et allegoriques, dont se plaît la foi des simples, elle est en devoir de se présenter aux tièdes, aux sceptiques rayonnante d’évidence, persuasive comme une démonstration scientifique, non moins brillante des attraits du style, des grâces de la diction, que forte de l’évidence des argumens, et de la certitude des faits... Honneur à Vous, mon ami, d’avoir réinvoqué l’apostolat légendaire des agiographes! Plus d’une âme se trouvera salutairement frappée par votre Colomb, comme l’a été la mienne: en le lisant j’ai senti qu’elle se retrempait à une vigueur dont elle avait besoin; car qui n’a des jours vides et découragés dans le cours de sa vie? mais qui peut arrêter son attention sur Colomb, se rendre compte de ses joies fugitives, de ses déceptions poignantes, le suivre dans les épreuves qui lui èchûrent si variées, si terribles, si glorieuses, qui pourrait, dis-je, lire, comme