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soutiennent bravement que la langue italienne est non seulement plus belle que la fran<;aise et que l’anglaise, mais plus belle métne que la latine et que la grecque. C’est lá l’homme partout! Il ne saurait se contenter des biens qu’il possedè. Il faut qu’il ravale les biens de son voisin avant que de pouvoir jouir des siens á son aise! Ce qu’il y a de vrai dans cette affaire des langues, est que toute langue est belle entre les mains de ceux qui savent s’en servir, et que les sots les gátent toutes. Chez monsieur de Buffon et chez monsieur de Marmontel, la langue frangaise est charmante. L’anglaise est admirable chez le docteur Johnson et chez monsieur Gibbon. L’ italienne est laide, est abominable chez Carlo Denina et chez le comte Verri. Faut-il dire pourquoi? Hélas! il me fáche bien de le dire; mais nous avons actuellement en Italie une race d’écrivains, qui croient faire des miracles en farcissant leurs barbouillages de mots et de phrases fran9aises. Ah, la maudite engeance! Si une loi salutaire en envoyait quelque vingtaine aux galères, je crois, Dieu me pardonne, que je briguerais l’emploi de comite\ Il font bien pis que de rendre leur langue efféminée: ils la rendent monstrueuse !
Mais ne nous écartons point de notre sujet, et qiie messieurs les frangais, de méme que messieurs les anglais, me permettent de leur dire qu’ils ont bien mal fait quand ils ont répété la sottise du pére Bouhours. Je conviens qu’il est plus commode de répéter ce qu’un ignorant a dit, que de se morfondre á examiner s’il a dit bien ou mal. Mais lisez Dante, messieurs, lisez l’Arioste, lisez le Tasse; et vous trouverez que les diables, les damnés, les héros chrétiens et les guerriers sarrasins sont bien éloignés de parler un langage mou et doucereux. Chez Metastasio méme, qui s’est tant étudié á choisir les mots les plus aisés á prononcer, vous trouverez que Caton, Régulus, Titús et Thémistocle ne parlent point un langage efféminé, bonnes gens que vous étes!
Je me flatte á l’heure qu’il est d’avoir médiocrement bien prouvé que monsieur de Voltaire n’est guère plus sorcier lorsqu’il s’agit de littérature italienne, que quand il est question de