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veritá, calamitá, fé, perché, mercé, mori, parti, inorridi, farò, dirò, apprende7-ò, fu, giú, virtú», etc. Il vous fallait aussi dire que nous en avons d’autres milHers, que nous appelons des «mots glissants», ^vocaboli sdruccioli», dont l’accent tombe sur l’antipénultième syllabe: «perfida, rapida, sollecita, terribile, fertile, pusillanime, satiri, liquidi, automati, gomiti, fremito, vennero, andarono», etc. Nous ne saurions employer en rime dans nos endécasyllabes aucun de ces mots-lá sans déplaire á nos lecteurs. Sanazzaro dans quelqu’une de ses églogues italiennes a rime des mots glissants; mais ce fut un caprice, Des mots tronqués on s’en sert dans les ariettes d’opera et dans les petites chansons. Partout ailleurs il serait ridicule de s’en servir, si on en excepte les sonnets burlesques, oú on les emploie quelquefois pour faire parade d’esprit, comme a fait dernièrement l’abbé Casti á Rome. Dans un poème sérieux, ils ne seraient pas supportables.
Je demande bien pardon au lecteur frangais si je me suis trop étendu sur une partie de notre prosodie, qu’il ne trouvera guère intéressante: mais j’aí voulu effacer les impressions erronées qu’il peut avoir regu de monsieur de Voltaire sur l’article de notre versification, sur celui de nos vers blancs et sur la prétendue facilité de faire des bons vers dans notre langue. Hélas! Lorsqu’on veut se méler de parler de la poesie des étrangers, on est trop sujet á ne dire que des pauvretés et des sottises, méme après avoir employé beaucoup de temps á étudier leurs langues: témoin la Grammaire italienne faite par messieurs de Port-royal, qui ne vaut pas grand’ chose sur la totalité, et dont la partie qui traile de notre prosodie fait vraiment pitie! Qu’attendre de monsieur de Voltaire, qui ne s’est jamais soucié d’autre langue que de la sienne, et dont les jugements sur les auteurs étrangers sont toujours arrogamment hasardés et ridiculement faux pour la plupart? Il a beau crier que Ménage et l’abbé Régnier on fait des vers italiens, et donner cela pour une preuve qu’il est facile d’en faire. S’il entendait notre langue, les vers italiens de ces deux savants lui seraient justement une preuve du contraire.