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ses vers incessamment, et sachez que pour rendre parfaite la première stanca de son poème, il employa plus de temps que vous n’en employátes á composer La pticelle: je ne vous exagère pas. Si vous connaissiez les trois premières éditions de son Orlando furioso, et si vous aviez lu ce que Giambattista Pigna et Girolamo Ruscelli (’) ont écrit touchant l’Arioste, vous verriez que je vous dis vrai.
J’ai vu des manuscrits de notre Francesco Berni, qui a refait V Orlando in?iamorato du Boiardo et l’a mis en meilleur langage. Dans ce poème ainsi refait, il y a des stances plus admirables que je ne saurais vous dire. Les mots et les rimes y paraissent faites tout exprès pour les pensées. Mais ce sont justement les stances plus aisées et plus élégantes que Berni lima le plus, comme de raison. Ce rifacimento doit lui avoir coúté une peíne inconcevable, si l’on considère qu’il se piqua de conserver un très grand nombre de très beaux vers épars dans l’ouvrage de Boiardo, et de rendre toute la justice possible á chacune de ses pensées.
Vous dites quelque part, dans vos Mélanges de littérature, que le poème de l’Arioste est une continuation du poème de Boiardo. Celui qui vous a donne cette information ne vous a point trompé; mais il vous a trompé quand il vous a dit que Boiardo ne fit que continuer le poème bizarrement intitulé Il Morgante maggiore de Luigi Pulci. Cela n’est pas vrai. Quoiqu’on trouve plusieurs hèros de méme nom dans les deux ouvrages, l’un n’est pas plus une continuation de l’autre, que votre Henriade est une continuation de votre Candide: vous sauriez cela, si vous aviez lu ces poèmes, comme vous prétendez avoir fait. Boiardo a, en quelque fagon, continue un très ancien poème, qui est á présent fort rare et connu de très peu de personnes.
(i) Girolamo Ruscelli, qui a vu tous les manuscrits laissés par l’Arioste, dit en parlant de ceux qui regardent V Orlando furioso: «E vi erano delle stanze e de’ versi cassati e postillati per sopra e ne’ margini, e altre delle piú nette che doveano essere state rescritte piú d’una volta». C’est á dire: «11 y avait [dans ces manuscrits] des vers et des stances effacées et apostillées en haut des pages et aux marges; et d’autres plus nettes qui apparemment avaient été copiées et recopiées plusieurs fois». Voyez l’éilition de VOrlando furioso faite á Venise en 1558, par Vincenzo Valgrisio, au discours de Ruscelli intitulé Mutazioni e miglioramenti.
G. Baf ktti. Prefazioni e polemiche. 18