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Dans vos notes au discours que vous fites á l’Académie fran9aise lorsqu’on vous y regut membre, vous avez traduit ce peu de latin: «De ipsius negotio ei loquebatur», par ces mots italiens: «Con elio parlava dell’affare di lui». Qui diable a été votre maitre de langue? Il fallait dire: «Parlavagli del suo negozio, de IV affare suo, de’ fatti suoi, delle sue faccende».
Votre tragèdie du Fanatisme est précédée de deux petites lettres italiennes, que vous écrivítes au pape Lambertini. Je les crois de votre fa9on, parce que chaque phrase n’est qu’un gallicisme mal traduit. Il me serait un peu difficile de faire sentir cela á ceux qui ne sont pas bien au fait de l’italien et du frangais á lá fois. Il faut cependant vous dire que la phrase de «prendere l’ardire», par laquelle vous débutez, n’est point employée chez nous que par des ignorants francisés. Gomme membre de l’Académie de la Crusca, vous devez avoir son Vocabolario parmi vos livres. Consultez-le au mot de «prendere». Vous trouverez que nous faisons usage de ce verbe en vingt et deux manières différentes, dont les compilateurs ont donne cinquánte exemples, tous tirés de nos bons auteurs. Je dis cinquánte ni plus ni moins, car je les ai comptés dans l’édition de Naples, faite en 1746. Pas un d’entre les cinquánte, ni pas une des vingt et deux définitions, garantit votre phrase de «prendere l’ai^dire», qui n’est qu’une chétive traduction verbale de votre bonne phrase frangaise «prendre la hardiesse» . Voyez ce que sont les langues ! On dit en anglais «/ take the liberty», tout comme on dirait en fran9ais «je prends la liberté»; mais on ne saurait dire en anglais «/ take the daringness», comme on dit en fran9ais «je prends la hardiesse». En italien on ne saurait faire usage de l’une ou de l’autre de ces deux phrases. Le genie de notre langue s’y refuse. Nous disons bien «prendere ardire» sans l’article; mais cela signifie «s’animar, se faire courage». Le verbe «prendere», comme vous devez sentir, a dans ce cas un sens neutre et non pas un sens actif. Au lieu donc de dire au pape: «Vostra Santitá perdotierd l’ardire che prende uno de’ minimi fedeli», etc, il vous fallait dire: «Vostra Saíititd perdonerá se uno de’ v ánimi fedeli ardisce», etc.