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forte raison celle de France, a beaucoup plus de goút, d’esprit, et de savoir, que n’en ont ces anglais les mieux instruits, qui admirent le spectre du pére de Hamlet de méme que tout le reste de cette pièce, quoique tout le monde con\’ienne qu’elle a des défauts que monsieur de Voltaire n’a point relevés?
C’est trop souvent dans ce \nlain st\le, trop fréquemment avec cette sérénité d’impudence, que monsieur de Voltaire traite Shakespeare; et ce qu’il y a encore de plus révoltant dans cette inique facon de faire, est qu’il se plaint au chevalier Walpole de ce que dans sa préface au petit roman intitulé Le cháteau d’Otranto, le chevalier fait presqu’accroire á sa natíon que monsieur de Voltaire méprise Shakespeare. «Cef>endant — ajoute monsieur de Voltaire dans sa lettre á ce chevalier ’’^ — c’est moi qui ai dit il y a très longtemps que, si Shakespeare était venu dans le siècle d’Addison, il aurait joint á son genie l’élégance et la pureté, qui rendent Addison recommendable: c’est moi qui ai dit que le genie de Shakespeare était á lui, et que ses fautes étaient á son siécle». Toutes ces belles raisons font bien de l’honneur au siécle d’Addison; mais il faut savoir que monsieur de Voltaire ne les a point dites aucune part dans ses ouvrages en parlant de Shakespeare. Il les a dites en parlant de Sophocle et d’ Euripide dans la troisiéme des sept lettres. qu’il écri\-it tout exprés pour prouver modestement comme quoi son propre CEdipe est de plusieurs toises au dessus de celui de Sophocle. Voici ses termes. «Leurs fautes [les fautes de Sophocle et d’ Euripide] sont sur le compte de leur siècle, leurs beautés n’ appartiennent qu’á eux; et il est á croire que, s’ils étaient nés de nos jours, ils auraient i)erfectionné l’art qu’ils ont presque inventé de leur temps».
Je laisserai jug^r á d’autres si monsieur de Voltaire a raison cu tort de parler si arrogamment de Sophocle et d’Euripide, et décider quel CEdipe ira á la postérité, si le sien ou celui du p>oète grec. Mais en lui accordant qu’il ait dit {Xíur Shakespeare
(i) Cette lettre est imprimée á la suite du Comm^ntaire de monsieur de Voltaire, á Baie, 1776.