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d’un ton hautain: «He bien, qu’ordonnes-tu?». Comment sait-il que l’ombre vient pour donner des ordres?

He bien, qu’ordonnes-tu? Parle-nous, dieu terrible!

Voici la piate réponse de l’ombre:

Tu règneras, Arzace: mais il est des forfaits que tu dois expier. Dans ma tombe, á ma cendre il faut sacrifier. Sers et mon fils et moi ; souviens-toi de ton pére: écoute le pontife.

Il n’est pas étonnant si Ninias n’entend rien á ce jargon oraculaire, car il croit bonnement étre fils d’un certain Phradate, qui est mort depuis quelque temps. Il réplique donc:

Ombre que je révère, demi-dieu dont l’esprit anime ces climats, ton aspect m’encourage (i) et ne m’étonne pas. Oui, j’irai dans ta tombe au perii de ma vie. Achève: que veux-tu que ma main sacrifie?

Comment arrive-t-il que l’esprit de cette ombre, c’est-á-dire l’esprit de cet esprit, «anime les climats» de Babylone? N’est-ce pas lá un galimatias dont nous avons toute l’obligation á la rime? Cependant, quelle peur saisit Ninias á l’idée de sa descente dans le tombeau? Le «dieu-semidieu» l’a assuré qu’il regnerá. Cela implique qu’il vivrá. Par conséquent, il n’est point question d’aucun perii pour sa propre vie en allant dans ce tombeau. Il est uniquement question de sacrifier quelque personne, quelque animai ou quelque autre chose.

Botte et risposte données, l’ombre n ’a plus mot adire. Elle se lève donc de son estrade et s’en retourne dans son mausolée, disant seulement á la reine, en s’en allant et d’un ton gonfie:

Arréte, et respecte ma cendre: quand il en sera temps, je t’y ferai descendre.

Descendre oú? cet «y» n’est relatif á rien. N’y aurait-il pas lá une petite fante de grammaire? L’ombre pourtant extravague

(i) A quoi l’encourage-t-il?