Pagina:Baretti - Prefazioni e polemiche.djvu/253

Ce sont lá des vers bien sonores, bien élégants, et surtout bien décents; ce sont des vers que la langue italienne et l’espagnole peuvent traduire verbalement sans s’avilir, et que l’anglaise ne petit pas. Les voici en prose anglaise: «The earth shall send forth on ali sides wandering Ivy and ladies’glove, mixed JvWi file gipsy-bean and the smiling bear-brecch». Traduisons mot-ámot ce peu d’anglais en frangais: «La terre produira des lierres errants et du gant-des-dames mélés avec la feve-de-Ia-bohémienne et le riant cul-d’ours».

N’est-ce pas lá des beaux mots substitués á ceux de Virgile? Cependant la traduction anglaise est verbale, très verbale. Un monsignor italien fit jadis une lamentation sur ce que son pére l’avait fait appeler «Jean» au baptéme. Si ces plantes, qui ont des noms si jolis chez Virgile, pouvaient faire des vers corame monsigno7- Giovanni della Casa, elles auraient bien raison de se plaindre des jardiniers anglais, qui ont donne á deux d’entre elles les comiques noms de «gant-des-dames» et «fève-de-labohémienne», et á la troisième ce sale appellatif «cul-d’ours» (’’■, qu’aucun poète anglais ne saurait rendre «riant» en aucune fa<;on.

Qu’on aille traduire littéralement, si on ose, ces paroles du psalmiste qu’on chante si souvent dans nos églises catholiques: «De stercore eHgens pauperem», ou ces autres: «Quare de vulva eduxisti mef». Cependant elles n’ont rien de choquant en latin, non plus qu’en hébreu, á ce qu’un juif de bon sens vient de m’assurer.

On entend très souvent á Madrid les dames prononcer un nom d’un ton mignard et par manière d’exclaraation, qu’on ne saurait prononcer á leur mode dans aucun autre pays chrétien sans ètre accuse de profanation. Il y a plus. On a fait de ce mème nom une interjection théátrale, et les acteurs s’en servent sans le moindre scrupule dans les pièces les plus comiques. Ces dames et ces acteurs sont bien loin de s’imaginer que dans

(1) Quelques botanistes anglais appellent !’«acanikus» des lat^Ils^< bear’s-paw patte d’ours»; mais «bear’s-breech», «cul-d’ours», est le mot ancien.