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littéraire y perdrait beaucoup trop, s’il fallait que tout poète dramatique se moula dans tout pays sur ces deux grands hommes, ou bien sur Sophocle et sur Euripide. Admirez les beautés grecques: vous ferez bien. Aimez les beautés fran^aises: vous ferez très bien. Mais souvenez-vous toujours que la Grece et la France ne sont que deux pays. Le monde en a d’autres encore, oú les hommes ont la barbe tout aussi dure que la barbe des grecs et des frangais. Si les grecs ont des beautés, si les fran^ais ont des beautés, d’autres nations ont des beautés aussi. Metastasi© en a d’italiennes; De Vega, Calderon et Moreto en ont d’espagnoles; Shakespeare et d’autres en ont d’anglaises. Peutétre quelque poète de Bassora ou du Grand Caire, d’Hispahan ou de Péquin, en ont aussi d’une espèce qui nous est inconnue. Si jamais vous viendrez á les connaítre, il est á espérer que vous les admirerez et les aimerez aussi. Je vous y exhorte d’avance. Táchez, en attendant, de voir et de sentir toutes celles de vos voisins qui sont á votre portée. Vous y gagnerez beaucoup plus qu’á tout mépriser, qu’á censurer tout ce qui ne se fait point chez vous, ou, pour mieux dire, tout ce que vous n’entendez point, comme a fait votre genie universel, si grand, si estimable dans tant de choses, si borné, si méprisable dans tant d’autres!