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des mots que bien de belles bouches prononcent ici á tous moments sans rougir du tout. Que diriez-vous si j’allais ajouter les mots de «manger, boire, parler, taire, courir, s’arréter, veiller, dormir, se promener, rire, pleurer, faire, dire, vivrá, mourir» et tant d’autres, qui ne ressemblent pas plus á leurs équivalents fran<;ais, que les melons de Narbonne aux citoyens de Nuremberg? Que diriez-vous si j’allais vous conter qu’on appelle le roi «kingy> et la reine «qiieen», sans que ni l’un ni l’autre s’en fáche? Allez dire á une jeune dame: — Vous étes ugly\ — elle vous donnera a box on the ear, c*est-á-dire un bon soufflet, parce que vous lui aurez dit qu’elle est laide. Dites-lui: — Vous étes handsome; — elle ne s’en offensera pas, parce que «handsome» veut dire «belle» . Tout ceci vous paraítra incroyable; cependant tout ceci est tout comme j’ai l’ honneur de vous le dire. Que quelqu’un de vous me fasse la gráce d’écrire en toute diligence á monsieur de V^oltaire qu’il se trompe aussi quand il dit que le mot anglais <frock» (il l’a estropié en disant ^frac») est un mot emprunté de votre langue. Cast par mégarde, ou plutòt par paresse, qu’un de mes meilleurs amis a laissé courir cette etimologie dans son dictionnaire telle qu’il l’avait trouvé dans d’autres.
Je vous répète donc, mes aimables fran^ais, que vous ne vous en rapportiez pas aveuglément á ce monsieur de Voltaire, quand il s’agit de l’Angleterre et de tout ce qui la regarde; autrement vous croirez avoir acheté de lui des chevaux anglais bien beaux et bien fringants, et ce ne seront que des rosses borgnes et poussives. C’est une cruauté de lui dire qu’ il n’a pas le sens commun, toutes et quantes fois il se frotte aux anglais et á Shakespeare; mais, quand on y est, il faut dire la vérité sans barguigner. S’il en eút eu, il n’aurait point eu la temente, «Orazio sol contro Toscana tutta ^y d’opposer son dire au dire de toute une nation telle que l’anglaise, et de traiter de bricole tous ses individus d’esprits f>erclus, de visigoths ig^orantissimes, dont la fureur est de croire ce Shakespeare un homme extraordinaire. Avec un brin de sens commun, il se serait dit tout bas qu’il -faut que cet homme ait des perfections á lui non
G. Ba RETTI, Prefazioni e polemiche. 15