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des autres nations, et chacun se glorifie de ceux que la sienne possedè. Par exemple, je suis sur que vous étes assez modeste pour ne pas vous flatter que votre Henri, votre Mornay, votre Mayenne, votre D’Aumale, votre Potier, votre D’Ailly et votre Gabrielle fassent la moitié de la fortune chez la postérité, que Agamemnon, Achille, Ulisse, Hector, Hélène et Andromaque ont fait jusqu’au jour d’aujourd’hui. Vous ne vous flattez pas qu’on représentera souvent vos héros, comme on a fait ceux d’ Homère, dans des tableaux et des tapisseries, ou sur des écrans et des boites á mouche. Malgré pourtant votre très humble opinion de vous-méme, il y a eu et il y a actuellement des millions de gens en France, qui sont assez épris de votre Henri ade pour la mettre au niveau de V Iliade sur le total, et bien au dessus d’elle á certains égards. Pourquoi cela? Parce que vous étes frangais et qu’ Homère ne l’était pas. Mais allez-vous-en en Italie ou en Angleterre, et vous verrez ce que c’est d’y étre étranger! Pour un docteur Cocchi et pour un milord Chesterfield, vous y trouverez dix-mille atrabilaires, qui croiraient deshonorer leur pays en comparant votre chef-d’oeuvre á leur Orlando et á leur Paradis perdu. Qu’il fait mauvais partout d’étre étranger! Voyez l’Arioste et le Tasse, qui font tant de bruit en Italie depuis tant de temps! Boileau, Bouhours et cent autres frangais ont accuse l’un d’étre tout farci de quolibets et d’ extra vagances; l’autre de ne porter que des habits chamarrés de clinquant! Que de sottises n’a-t-on pas débitées d’un air très grave au pays d’Albion, quand on y a parie de vos deux plus grands faiseurs de tragédies, dont ils se seraient glorifiés s’ils avaient été anglais tous deux? quelles petites idées n’a-t-on pas annexées á ce Tasse et á cet Arioste, quand il s’est agi de leur Milton? Ils n’ont pas, á vrai dire, dégradé Homère en sa faveur, comme tant de gens l’ont dégradé en France en faveur de votre Henriade. Virgile n’a pas tant souffert vis-ávis de Milton en Angleterre, qu’il a souffert en France vis-á-vis de vous; mais enfin Milton s’en va dans son pays de pair á compagnon avec Homère et Virgile. Le pauvre Dante des italiens est encore un autre exemple du peu de cas qu’on fait partout