t-il dans les lois de la métrique traditionelle ou voudra-t-il en déchirer les mailles? Pour répondre à ces questions avec certitude il faudrait être prophète ou bien le grand poète méme dont il s’agit. Malheureusement je ne suis ni l’un ni l’autre. Il est pourtant possible de s’orienter un peu par ce que j’appellerai encore l’observation des étoiles. Si la poésie n’est qu’un amusement et un ornement, je ne vois pas la nécessité, quoi qu’en disent d’éminents penseurs, qu’elle soit comprise et goûtée par les foules, vu que les amusements et les ornements de cette catégorie-là ne sont recherchés que par les aristocratics; et il devient tout à fait naturel que les meilleurs poètes méprisent et fuient le vulgaire, comme Horace. Mais si la poésie est une étoile qui mène les hommes à Dieu, si celle est un instrument puissant au service des énergies progressives, il faut bien que le poète agisse sur un public large au possible, Cela étant, il devient facile de répondre d’une manière générale que le poète dont je parle n’adoptera pas un langage précieux, qu’en ayant une connaissance complète de sa langue depuis les moindres et plus obscurs mots techniques jusqu’aux mots plus riches de couleur, de passion, de pensée, depuis le dernier mot éclos dans les salons ou dans la rue jusqu’à son ancêtre couché dans la poussière