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parce qu’à l’heure qu’il est, la liberté politique avant été conquise en Europe presque partout et les institutions libérales n’ayant pas en général fonctionné de manière à justifier auprès des peuples les sacrifices qu’elles ont coûté, la jeunesse a cessé de se passionner pour l’idéal que ses pères ont poursuivi avec tant d’enthousiasme et en recherche d’autres. Elle prend volontiers le premier qui se trouve sur son chemin, l’idéal de la réforme sociale, car il se pare d’un beau nom de fraternité et a l’air de faire appel à un sentiment de justice.

Vu de loin l’idéal socialiste n’est pas sans grandeur; vu de près c’est autre chose, Soit qu’il analyse l’histoire du passé, soit qu’il trace è sa manière l’histoire de l’avenir, le socialisme ne voit dans l’évolution humaine que le facteur économique. Loin de faire appel à la justice, il rejète tout principe abstrait et absolu. Sa conception du monde est foncièrement matérialiste et, par là, point favorable à l’élément humain supérieur. J’invoque un poète de gènie qui reprenne les idées spiritualistes pour les rajeunir, et qui nous aide, nous ouvriers de la prose, à remplacer dans les coeurs ardents et généreux la conception socialiste, incomplete et fausse, de l’avenir et du bonheur, par une conception qui rattache le bonheur à la Vérité absolue, à la Beauté absolue, au Bien absolu.