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Le gran poète de l’avenir 237

conscience de son être et de l’être des choses en fait l’humanité ; lorsqu’elle se dévoile à sa créature par degrés et d’une manière qui rappelle les procédés de l’évolution ; lorsque, encore par l’évolution, elle forme de la première famille humaine une société organisée de telle façon qu’on a pu la comparer à un corps vivant et qu’elle amène cette société, par la lutte des forces progressives avec les forces regressives, à se conformer de plus en plus aux exigences de l’élément humain supérieur ; lorsque la Cause du monde accomplit un tel travail, elle le fait dans le but de ramener à soi par l’intelligence et par l’amour ce qui est sorti d’elle, d’être comprise et aimée,

Voici l’exposé forcément synthétique et dogmatique de la doctrine où je fonde mon idée du rôle de l’Art en général et de la poésie en particulier dans l’évolution humaine. Ce rôle providentiel est de coopérer avec la Cause du monde, d’appuyer l’élément humain supérieur qui aspire à mieux comprendre et à mieux aimer, dans sa lutte avec l’élément inférieur, avec la bête sombre qui survit en nous.

Les premiers chants qui vinrent, pareils encore à des gémissements et à des cris, sur des lèvres humaines, ont été l’expression de la vie supérieure chez l’homme primitif, c’est-à-dire de la douleur