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NOTES EXPLICATIVES

Les 1er, 3e, 5e et 7e vers de chaque strophe sont des vers de huit syllabes à rime féminine, c’est-à-dire que ce sont des vers qui lorsqu’ils sont chantés comptent pour neuf syllabes (En italien, rime piane).

Les 2e, 4e, 6e et 8e vers de chaque strophe sont des vers de huit syllabes à rime masculine, c’est-à-dire que ce sont des vers qui lorsqu’ils sont chantés comptent pour huit syllabes (En italien, rime tronche).

Le rhythme est comme celui des deux premiers vers de La Marseillaise:

Al-lons en-fants de la pa-tri-e
La-ti-na gin-tă e re-gi-nă
Le jour de gloi-re est ar-ri-vé.
In-treal-le lu-mii gin-te mari.

Mari compte pour une seule syllabe à rime masculine, comme on le verra plus bas à la note 2e.

L’hiatus est admis dans la prosodie roumaine.

1) Le monde se dit en roumain lume, c’est-à-dire tout ce qui luit, tout ce qui est éclairé par le soleil. Le génitif est lumii.

2) Mare veut dire mer (substantif); mais mare veut dire aussi grand (adjectif). D’après quelques auteurs, mare grand viendrait du latin majore. D’après Lejean, mare, grand viendrait de mar, mawr, qui en celtique veut dire grand. Mare, grand, fait au pluriel mari, et ce mot compte pour deux syllabes au singulier, ma-re, et pour une seule syllabe au pluriel; car l’i qui est à la fin s’entend à peine; si l’on n’est pas habitué à la prononciation roumaine, on croit entendre mar au lieu de mari. On sait que le mot languedocien fach est prononcé comme si à la fin il y avait un i à peine senti; il en est de même du mot languedocien nioch, nuit. L’i final des mots roumains mari, seculari (quatrième vers de la première strophe), comori (deuxième vers de la troisième strophe), et surori (quatrième vers de la troisième strophe), s’entend presque aussi peu que l’i qui semble exister dans la prononciation des mots languedociens fach, nioch. De telle sorte que mari, lari, mori, rori comptent chacun pour une syllabe, pour une rime masculine, comme on dit en français. Même dans le chant, mari compte comme une seule syllabe. Dans la poésie populaire on voit quelquefois rimer ser-ba-tori avec se me’n-sor.

3) Menire, destin, ce qui pousse, mène, conduit le genre humain. Menirea, le destin. L’article féminin a se met le plus souvent à la fin des mots.

4) De mare, grand, on a fait măretiu ou măreţ, grandiose.

5) Dirept ou drept veut dire droit (de directus); de drept on a fait îndreptare, diriger; îndréptă veut dire il dirige.

6) Urma (italien orma) veut dire trace; urmare, suivre, c’est-à-dire, faire des traces, marcher après les traces; în urma mea, dans ma trace, sur mes traces, derrière moi; în urma ei, sur ces traces, derrière elle.

(7) Est se dit en roumain este ou e; dans certaines localités de la Moldavie, e devient îi ou ’i; dans ce passage il est dit gintă’i au lieu de gintă este.