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Sonetti senza data 3

mais il a dix-huit ans à peine.„ — “L’Église reconnaît valides les mariages accomplis à quatorze; du reste, je puis vous garantir l’exactitude du fait, c’est moi-même qui l’ai marié ce matin.„ — Le jeune homme était resté stupéfait: il ne voulait pas croire à cette nouvelle, et s’imaginait que le vicaire plaisantait; mais en examinant de plus près sa contenance, il vit qu’il parlait sérieusement. — “Comment, s’écria-t-il enfin, vous avez marié un jeune homme de dix-huit ans, sans en dire un mot à notre mère, sans m’en parler, à moi qui suis le chef de la famille, son tuteur naturel! Et la femme, qui est-elle?„ — “L’épouse est une pauvre jeune fille, mais devant l’Église, tous les hommes sont égaux; du reste, Édouard avait commis un péché, et une réparation devenait nécessaire.„ — L’autre commençait à entrevoir de quoi il retournait, et il demanda avec impatience: “Mais le nom de cette nouvelle parente que le zèle de monseigneur a introduite dans notre famille?,, “Théodora,„ répondit le vicaire sans rougir. — “Je m’en étais douté,„ répond le jeune homme et, sans ajouter une parole, il sortit de la maison se mordant les lèvres de fureur et de dépit. Pour que le lecteur comprenne, il faut expliquer que cette Théodora était tout simplement une domestique qui, par sa mauvaise conduite, s’était fait chasser de partout, et qui ne sachant que devenir, s’était imaginée de se faire un marche-pied des bonnes grâces du vicaire, qui était laid, avait un air profondément stupide, de plus bancal et bossu, enfin un phisique parfaitement conforme à son moral. Le vicaire avait abusé de l’inexpérience de l’adolescent, il avait encouragé une fréquentation de quelque temps avec cette fille: puis, un jour, il avait appelé le jeune homme et en l’épouvantant de la possibilité d’un procès et de la certitude d’une condamnation, il l’avait amené à accepter cet étrange mariage. Les conséquences furent telles qu’on devait s’y attendre: Édouard dut s’éloigner de sa famille; condamné à vivre au loin, dans un village, il perdit bientôt tout vestige de son éducation première, il prit toutes les habitudes de la femme que lui avai donné le vicaire; il devint ivrogne, joueur, et dissipa bien vite son patrimoine. Plus tard, il reçut des enfans, auxquels les parens ne surent donner aucune éducation, et qui n’eurent que le plus triste avenir: telle fut la situation à la quelle fut reduite cette famille. Les habitans de Viterbe se souvinrent de ce fait, et pendant les quelques jours de liberté dont jouirent les États romains, ils contraignirent l’évêque à chasser ce vicaire qui depuis, je crois, est rentré à son poste. — Ces mariages, célébrés à l’insu des parens,