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le commencement, c’est-à-dire par des modèles mécaniques. J’ai usé dix ans de ma vie à étudier les déformations des métaux; j’ai essayé de représenter plusieurs des phénomènes observés par des systèmes matériels. J’ai reconnu après coup que l’un d’eux se ramenait au système proposé par Maxwell pour les résidus diélectriques; ce qui prouve et l’analogie des phénomènes, et la quasi nécessité de certaines représentations. Evidemment tout cela n’est qu’un commencement: il faudra créer, pour exprimer les lois des phénomènes à hystérésis, une sorte de géométrie de situation dont nous n’avons encore qu’une idée fort vague. Les mathématiciens pourraient nous aider; mais ils se gardent bien de ces questions difficiles, peu rémunératrices en résultats. Je ne doute pas que dans un quart de siècle (si pourtant les physiciens ne s’obstinent pas à traiter ces questions en dépit de tout bon sens, passant leur temps à déterminer des constantes numériques là où il n’en existe sûrement pas, copiant les méthodes des phénomènes sans hystérésis, énonçant des lois simples fausses d’après leur forme même), je ne doute pas qu’on ne découvre quelque concept mathématique résumant les phénomènes au moins comme première approximation, remplaçant heureusement les modèles mécaniques dont le nombre ira s’accroissant.

Et alors les physiciens qui ne verront plus que le résultat des efforts, s’imagineront que ce concept aurait pu être découvert sans le secours de l’expérience, et parleront de la simplicité des lois de la nature! Ils oublieront que nous ne le connaissons pas aujourd’hui, et que nous ne parviendrons à le découvrir que par la comparaison et la généralisation de théories physiques très particulières qui du reste sont encore à créer.

Naturellement, tout ce travail accompli, nous nous apercevrons n’en pas savoir plus long qu’aujord’hui sur la constitution de la matière, sur le vrai des choses; nous trouverons encore une infinité de manières de construire les corps, sans contradiction avec les résultats de l’expérience, ainsi qu’il est facile de le montrer.

La découverte d’un fait nouveau produit simultanément deux résultats inverses. C’est une idée exacte, émise voici longtemps par Descartes, que chaque phénomène rentrant