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encore vérifiées; «donc le physicien ne peut jamais soumettre au contrôle de l’expérience une hypothèse isolée, mais seulement un ensemble d’hypothèses». (p. 307). Ainsi l’expérimentation ne sert qu’à apprécier la valeur d’une théorie déjà édifiée: le travail constructeur incombe tout entier au théoricien, au mathématicien.

En conséquence de ces principes, M. Duhem repousse toute intrusion des tendances expérimentales dans la Physique théorique. Il est, dit-il, certains physiciens qui ne voudraient raisonner que «sur des opérations réalisables», qui prétendent que toutes les transformations algébriques utilisées par le théoricien doivent avoir un sens physique (p. 340). Ces prétentions sont parfaitement injustifiées. «Les exigences de la logique algébrique sont les seules auxquelles le théoricien soit tenu de satisfaire» (p. 27). Et, ainsi, M. Duhem est conduit à faire le procès de ces savants anglais pour qui la Physique est une collection de modèles mécaniques sangrenus, qu’aucune théorie ne relie entre eux. «Voici, dit-il à propos d’un ouvrage de O. Lodge, voici un livre destine à exposer les théories modernes de l’électricité: il n’y est question que de cordes qui s’enroulent sur des poulies...., de tubes qui pompent de l’eau, d’autres qui s’enflent et se contractent....; nous pensions entrer dans la demeure paisible et soigneusement ordonnée de la raison déductive; nous nous trouvons dans une usine». S’inspirant de Pascal, M. Duhem établit un parallèle entre deux sortes d’esprits, les esprits amples mais faibles, les esprits profonds mais étroits. Il range les disciples de Maxwell, chez qui l’imagination prime la faculté logique de raisonner parmi les esprits amples. Mais il donne lui-même la préférence aux esprits profonds, tels que Newton et la plupart des physiciens continentaux. Pour ces derniers «une théorie physique est essentiellement un système logique».

Si la théorie, en tant que système logique, doit être parfaite et absolument rigoureuse, elle n’a cependant jamais, au point de vue physique qu’une valeur relative. Offre-t-elle même toujours un sens ? Il faut remarquer qu’une infinité de faits théoriques différents peuvent être pris pour traductions d’un même fait pratique. «Dire que la température est 10°, on 9°,99, on 10°,01, c’est formuler trois faits théoriques incompatibles; mais ces trois faits correspondent à un seul et même fait pratique si la précision de notre thermomètre n’atteint pas au 50° de degré» (p. 217). Considérons dès lors le faisceau de faits théoriques qui équivaut à un fait pratique donné: à ce faisceau, une loi théorique fait correspondre un nouveau faisceau dé faits théoriques: au cas où le second faisceau converge lui-même vers un fait pratique unique, la loi théorique donne bien une loi pratique; mais en cas contraire elle ne donne rien du tout. «Une déduction mathématique