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118 bozza di lettera a un ignoto.

autre chose pour cette religion, qui, marchant toujours et trouvant toujours sa route tracée dans ces ages qu’elle doit tous parcourir, n’est jamais plus près de s’élever, pour paraître bientôt, toujours la même, sur une hauteur nouvelle, que lors qu’elle rampe, ce dirait-on, péniblement au fond d’une vallée. Il m’appartient certes moins, qu’à personne de faire la part des individus dans des victoires qui, après tout, sont celles de l’Église; mais pour- quoi ne me serait-il pas permis de mêler ma voix aux voix tous les jours plus nombreuses qui pro- clament qu’un des moyens les plus visibles et le plus puissants dont Dieu s’est servi pour opérer un changement si heureux, on dirait presque si néces- saire, pour faire cesser cette apparente mais fune- ste superiorité de je ne sais combien de philoso- phies humaines sur la religion, qui a été une phi- losophie chrétienne. Toute leur force venait en définitive de l’emploi, de la prise de possession d’un mot: c’était au nom de la raison, par et pour ses droits que l’on combattait la foi, ou qu’on l’é- cartait; sans avoir l’all’de la contredire, quelque- fois sans en avoir l’intention, on lui tournait ledos en disant à la raison (passez-moi cette citation ridi- cule qui vient sous ma plume, presque malgré moi) C’est à vous que je parle, ma soeur.

Indépendamment des inconvéniens divers mais également graves qu’il y avait à reconnaître cette raison si souvent objectée à la foi, aussi bien qu’à la récuser; un gran inconvénient était commun aux deux plans de défense, celui d’accepter une question mal posée, de se placer avec les adversaires sur le terrain de l’équivoque; inconvénient d’où venait à la vérité le seul désavantage qu’elle puisse jamais avoir, celui de combattre dans l’obscurité. Moins qu’à tout autre encore il me siérait de dire que l’on à dû immédiatement reconnaître, mais il me semble en vérité qu’on finira par ne plus pouvoir mécon-