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cceur. Mais quelle triste succursale aux épanchements de la conversa- tion intime, que cette correspondance épistolaire interrompue si arbi- trairement parce qu’elle dépend de je ne sais quelles stupides condi- tions matérielles. Le souvenir de nos entretiens de Florence, de ces heures délicieuses, me parait presque un rève, parce que je ne trouve rien, absolument rien de comparable dans ma position actuelle. J’ai bien des amis, des élèves chéris, et en Suisse une famille aimante et aimable, mais vous me manquez. Ah suppléons à cette immense lacune par un commerce épistolaire plus assidu, plus régulier. Donnez-moi donc bien des détails sur votre santé. Il me faut quel- ques lignes de votre main pour me tranquilliser tout-à-fait au sujet du Choléra. Puis je ne sais pas trop encore ce que ce sera; mais si cet hiver auprès de mon poète je parviens à faire un petit livre grec, duquel je serai content et dans lequel j’aurai tire parti de vos papiers, je vous le dédierai. J’ai sur le chantier un traité des accents grecs; mais c’est indigne de votre rcpócrcorcov T7)Xal>Yél;.‘, Si je donne les Caractères de Théophraste, sur les quels je n’ai pas mal amasse de matériaux, peut- étre serai-je assez hardi pour vous les dédier. Mais tout cela t3ecòv iv youvaai xeTxai.’ J’ai un Euripide à faire, commandé par le libraire Ilachette. Mais voyez un peu mes bouquins que je vous ai envoyés, et vous direz vous mème que j’ai suivi rigoureusement un triste et déplorable àvaxX(palj/’ La Medée passait encore, mais le Sophocle est pitoyable, et cela par la volonté du libraire. Quoiqu’il en soit je vous condamne dorénavant à recevoir tous mes bouquins; vous leur don- nerez toujours une place dans votre grenier. Encore un mot èv roxpóSo).7 M. Pallia de Turins vous a envoyé un exemplaire d’une traduction italienne du poème de Scianfara arabe. Qu’en pensez-vous? Je laisse de la place à mon cher élève et quasi raons fils adoptif, Ch. Lebreton, qui veut absolument vous remercier lui-mème et de vos livres, et surtout de votre aimable lettre. Ne vous gènez pas; il n’y a pas lieu de répondre. Vous sentez bien que quelle que puisse ètre l’affection que j’ai pour mon jeune ami, je sais parfaitement qu’il ne pourra vous convenir d’ètre en correspondance avec un écolier. Présentez mes sincères et vives salutations amicales à M. Ranieri, et répondez au plus tot, excellent ami, à celui qui sera toujours et de tout coeur Votre fidèle et affectionné ami L. de Sinner