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capital, sans aucune compensation pour les actionnaires, comme sans utilité pour l’Etat, les tunnels devant demeurer inutiles tant qu’on n’aurait pas les ressources suffisantes pour achever le surplus du parcours.

Les mêmes observations frappent le système qui aurait consisté à disséminer nos forces sur différentes parties du chemin, commençant de tous côtés des tronçons que le prolongement de la crise, et l’inutilité consécutive des appels de fonds, pourraient faire abandonner.

Les percées des tunnels auraient en outre l’inconvénient de n’employer qu’on nombre plus restreint d’ouvriers spéciaux presque tous étrangers à la Savoie.

On aurait pu encore commencer du côté de Genève; mais vous avez, monsieur le comte, pris communication de toute notre correspondance avec le Gouvernement du Canton; vous avez vu à quel point elle était nette, précise, pressante de notre part, et obscure, embarrassée, dilatoire du côté de la République. Les négociations, poursuivies depuis près de neuf mois, avec une persévérance digne peut être d’un meilleur succès, n’ont encore amené, entre nous et l’administration cantonnale, aucune conclusion sur laquelle puisse se fonder l’espoir d’une concession prochaine, ou la détermination de notre section d’arrivée à la frontière.

C’est donc sur le surplus du parcours, c’est-à-dire sur une partie de cette longue ligne qui s’étend d’Aix à Modane qu’il semblerait prudent de concentrer aujourd’hui tous nos efforts, en calculant l’adjudication de l’entreprise sur l’étendue des ressources certainement réalisables, de telle façon que, quels que fussent les événements, les Gouvernement fût sûr d’avoir une section complète et livrée à la circulation, et la compagnie certaine de ne pas contracter avec les entrepreneurs des engagements de nature à exécder ses facultés.

Nous avons mandé notre ingénieur en chef à Paris, afin que, profitant de votre présence, monsieur le comte, et de celle de notre délégué, nous puissions d’un commun accord déterminer quelle serait la division réunissant au plus haut degré les conditions suivantes:

1° D’être la plus utile aux populations et par conséquent la plus productive;

2° D’être la plus promptement et la plus facilement exécutable, et par conséquent la plus longue possible, et la moins dispendieuse relativement à cette longueur.

Ces points établis, et monsieur le chevalier Ranco une fois d’accord avec monsieur Newmann sur les points très-peu nombreux où ils ne se seraient pas encore entendus, nous pourrions adjuger immédiatement les travaux et les faire commencer sans retard, profitant ainsi de toute la belle saison.

Dès que la crise politique aurait cessé, les choses reprendraient leur cours ordinaire. Nous ferions de nouveaux appels, et aiors on pourrait attaquer tout le reste de la ligne.

Mais, jusque-là, il serait indispensable, pour obtenir un résultat d’importance réelle, que le Gouvernement fit entrer la totalité ou la presque totalité du cautionnement dans les travaux à exécuter d’une manière complète, ce qui ne ferait que substituer une garantie en chemin exploitable à une garantie en effet publics; substitution éminemment avantageuse pour l’Etat et pour le pays, alors surtout que la section complète aurait été établie dans la partie reconnue entre nous comme la plus utile et la plus fructueuse.

Quand les travaux devaient porter toute la ligne à la fois, on comprenait la réserve qui, malgré le chiffre énorme du cautionnement, ne mettait à notre disposition que la moitié des sommes dépensées, par la raison exprimée plus haut que des tronçons épars devaient perdre beaucoup de leur valeur en cas d’abandon forcé; mais, dans la combinaison actuelle, l’Etat peut, sans aucun inconvénient, faire les dépenses concurremment avec nous, en y consacrant des sommes égales, prises sur le cautionnement, jusqu’à concurrence de nos valeurs disponibles, et même, s’il avait un certain excédant, le consacrer au parachèvement de la section adoptée qui constituerait par le fait, à elle seule, un chemin en exploitation, partie et garantie de la ligne totale.

Veuillez, monsieur le comte, donner communication de cette lettre à messieurs les ministres des finances ed des travaux publics, et permettez-nous d’espérer que vous voudrez bien appuyer de votre précieuse recommandation une démarche dont l’unique objet est de sauvegarder, au milieu de circonstances tout exceptionnelles, les différentes responsabilités engagées dans une affaire si grave et si intéressante. L’appréciation de nos vœux ne saurait être placée en de meilleures mains.

Agréez, monsieur le comte, la nouvelle assurance de ma plus haute considération.

Le président du Conseil d’administration
Charles Laffitte.



Règlement de la marche à suivre par la compagnie Laffitte-Bixio, à l’effet de constater les fonds qu'elle emploiera dans la construction du chemin de fer Victor-Emmanuel, proposé par la compagnie, et définitivement arrêté entre celle-ci et le commissaire royal administratif.

Art. 1. A partir du jour où le devis général des travaux et celui des autres frais d’établissement du chemin de fer Victor-Emmanuel aura été adopté par le Gouvernement Sarde, le Conseil d’administration remettra au commissaire royal administratif chaque année, au moment de l’arrété du compte, et huit jours avant l’assemblée générale des actionnaires un état de situation conforme à celui qui devra être communiqué à cette assemblée.

Art. 2. A dater du même jour,le commissaire administratif tous les fois qu’il le jugera convenable prendra communication de tous le livres de la comptabilité, vérifiera l’état de la caisse, des magasins, et se fera représenter les pièces comptables ainsi que les procès-verbaux des séances du Comité et du Conseil d’administration.

Il pourra également examiner les contrats stipulés avec des tiers, soit pour indemnités de dommages ou d’expropriation, soit pour entreprises et fournitures.

Art. 3. Cette communication lui sera donnée tant au siège du Conseil d’administration à Paris qu’à celui de la délégation à Chambéry pour tous les documens summentionnés qui se trouveront dans l’un ou dans l’autre établissement.

Art. 4. Lorsque le télégraphe életrique sera établi on proposera les moyens les plus propres à fixer la quote-part tombant à la charge du Gouvernement d’après l’article 59 du cahier des charges.

Art. 5. Dans les comptes annuels seront compris les versements faits sur les 20,000 livres piémontaises énoncées à l’article 69 pour les appointements et les honoraires du personnel technique et des commissaires du Gouvernement, ainsi que pour les frais de surveillance et de réception des travaux.