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grandi aux arts de la politique et de la guerre par un Philippe, aux sciences abstraites et physiques par un Aristote, contemporain de Socrate, et d’un pays où résonnaient les tragédies d’Eschyle, les épopées d’Homère: le Génois était né d’un cardeur de laine, citoyen obscur d’une petite république italienne du moyen-âge, sans autre guide que ses propres inspirations: nonobstant, il rêva et il accomplit une conquète plus grande que celle du fils du roi Philippe, lui fils du cardeur de laine Dominique!

Colomb ne se trouva point poussé, comme le Dictateur, au faîte de la puissance par les évolutions d’une société que des siècles de vertus civiques et militaires avaient mûrie: César parut plus grand qu’il n’était, parcequ’à partir de lui l’Occident commença sa rapide décadence vers l’abyme de la barbarie: l’illustration passée, et la chûte prochaine de Rome contribuèrent également à l’exhausser, semblable à ces pics des Alpes, qui semblent plus gigantesques quand les nuages en voilent la base, et qu’ils paraissent nager dans l’espace: assis sur la sommité de l’édifice croulant, les coups de poignard, qui l’en précipitèrent, ont ajouté aux splendeurs épiques de sa vie l’intérêt tragique de sa mort... Pour Colomb les campagnes de son jeune âge se réduisirent a des navigations ignorées; et les créations de sa virilité à des mappemondes, à des cartes qu’il dessinait et coloriait pour acheter du pain, employant ce qui lui en restait à courir l’Europe, en quête d’un Sénat, d’un Prince qui daignât se prêter à réaliser les perceptions de son âme; mendiant sublime demandant à toutes les portes une aumône, qu’il voulait payer d’un monde! Rien ne les découragea parcequ’il s’était choisi une mission de sacrifice: il n’y a que l’entraînement de l’enthousiasme religieux qui puisse soutenir la volonté dans de pareilles entreprises: les hommes ne sauraient les récompenser; Dieu s’est réservé d’y pourvoir dans son éternité: si Colomb ne s’en fût pas rapporté à Dieu, s’il n’avait pas